Mi juin, nous quittons la baie d’Almoripotamos pour CHALKIS par 20-25 noeuds de nord-ouest... c’est parti pour une trentaine de milles...vent en plein dans le pif et des orages qui tournent et re-tournent... ils nous cherchent!

Nous arrivons dans l’après-midi dans le chenal menant au pont suspendu, chenal de 3 milles, balisé.

Sur la rive ouest,  presque à hauteur des récifs Vrak Passandri, des cargos  sont amarrés à couple dans Ormos Megalo Vathi... chantier naval de «gros» ou cimetières à bateaux?

En continuant, on laisse à bâbord la cimenterie Lafarge. Nous ne comprenons pas tout de suite pourquoi ce site tout équipé ne fonctionne pas, comme si tout était en suspens... une fois arrivés sur Chalkis, nous saisissons le pourquoi, bien triste image de cette usine qui vient de fermer en mars, laissant plus de 200 personnes sur le pavé dans un pays déjà durement touché par la crise. On ne peut que se sentir tristes et émus!

On continue vers Chalkis, en laissant à tribord Nisís Passás, petite île où trône une station d’épuration... quel mélange de genre juste avant de passer le pont Evripos!

Petit moment d’émotion, en s’approchant du pont qui a de l’allure avec ses 700 m. de longueur .... on a beau savoir que nous passons largement... drôle d’effet d’optique qui vous fait douter et qui vous donne l’impression que notre mât est haut, très haut et le pont bas, très bas!

On passe bien dans l’axe dans le chenal balisé par les bouées bien inclinées par le courant portant au sud et nous obligeant à pousser les gaz pour garder notre vitesse.

Nous entrons dans la grande baie Notios Limin et mouillons au nord à l’ouest du pont séparant le continent d’Eubée, détroit de l’Euripe large de 40 mètres.

Au moment de l’étale, la nuit, le pont s’ouvre en coulissant sous la route.

Spectacle assuré tous les soirs, entre les barques qui viennent pêcher et qui tournoient dans le fort courant, les badauds et les bateaux en attente qui à l’heure donnée font des ronds dans l’eau en amont et en aval, attendant le feu vert pour passer.

Nous ne nous lasserons pas, comme beaucoup, d’observer du haut du pont, ce phénomène de marée du canal d’Euripe provoquant un fort courant changeant de direction toutes les 6 heures du nord au sud et inversement.

De son temps, déjà, Aristote se questionnait sur ce curieux phénomène. Ne trouvant pas d’explications, la légende dit que par désespoir, celui-ci se serait jeté et noyé dans les flots de l’Euripe.

Petite grimpette jusqu’au fort, avec une vue superbe sur la baie et le pont suspendu... ou balades dans les rues pour découvrir de vieux monuments, chapelles ou mosquées!

Le soir, nous observons les dizaines de barques qui pêchent dans le courant jusqu’à l’ouverture du pont ou se laissent dériver au niveau du mouillage pour des plus petites prises...trop sympas tournant autour de Taoumé, un soir, ils nous offrent une partie de leur pêche... petite friture!

Chose moins  agréable, depuis quelques temps, nous avons des problèmes avec notre moteur bâbord (Lien problèmes de moteurs). Après 2-3 jours d’attente, nous avons une place à la marina; en cette période, mi-juin, la marina était complète, probablement du au fait que de nombreux bateaux remontent vers les Sporades.

Nous trouvons un mécano Lombardini, Dimitri travaillant avec son frère sur Athènes  et Chalkis qui vont travailler tout le samedi et faire des essais dans la baie pour être sûrs que tout est ok. De véritables pros avec la gentillesse en supplément.

A la marina, le personnel est très agréable, accueillant et serviable, un plaisir! Et le prix est très  très correct, gratuit le 1er jour et 15€ pour le 2ème.

Nous passerons plusieurs fois à Chalkis et nous en profiterons pour embarquer des équipages. Toute proche d’Athènes (80 km), la ville est très bien desservie par le train reliant Athènes ou l’aéroport... et nous mouillons Taoumé au pied de la gare, que demander de plus?

Vu le nombre de commerces, c’est le lieu idéal pour avitailler, faire le plein d’eau à la marina (10€ la carte de 1000L) ou faire des lessives... bref, un bon plan!

Au mouillage, nous rencontrerons Michel et Florence naviguant sur leur joli voilier de caractère, Mariposa... nous nous croiserons et recroiserons avec plaisir au fil de nos pérégrinations.

Fin juillet, Bruno, le frère de Michel, et Corinne nous rejoignent sur Chalkis pour naviguer une quinzaine de jours vers le nord d’Eubée. Leur arrivée est prévue en début de soirée... vu que le passage se fait la nuit, on fait les formalités pour le soir même.

Malgré le plan donné par la marina, on met un petit moment pour trouver la police portuaire passant et repassant devant le bâtiment sans se douter qu’il fallait prendre la petite ruelle qui le longe... pas dégourdis... l’heure tourne et on se dit qu’on ne va pas pouvoir passer ce soir! Ouf, on finit par trouver, les papiers sont faits; «stand by» sur le 12 à partir de 22 heures.

«Taoumé, Taoumé, go!»... il ne faut pas lambiner, les passages se suivent rapidement, le pont reste ouvert le moins longtemps possible pour ne pas gêner la circulation.

On garde de la vitesse dans l’étroit passage pour ne pas être gêné par le courant et en s’avançant, on trouve Taoumé bien large!

C’est passé et nous nous amarrons au quai nord jusqu’au lendemain, le temps de laisser à Bruno et Corinne le temps de souffler un peu!